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En matière de coaching, savoir ce n’est pas savoir faire. Mes nombreuses lectures et visionnages sur internet en ces temps de confinement me fracasse le regard sur une situation dont je n’avais pas mesuré l’ampleur.

Savoir n’est pas savoir faire, tout comme comprendre une cause n’est pas l’éviter. Le savoir-faire passe par la pratique qui, d’ailleurs, est souvent longue en matière de sciences humaines. Au grand mieux nous avons été guidé dans nos pratiques par un accompagnant, au petit pire nous sommes de bons résiliants et avons appris de nos écueils et de nos erreurs. Mais pour se targuer de savoir-être et savoir-faire, c’est le vécu qui compte.

Contrairement à ce principe, les formations, elles, nous apportent une théorie, nous racontent l’histoire, les faits, les constats. Elles nous enseignent une méthode aussi. La formation ne suffit pas pour prétende être compétent. Je déplore que l’on occulte ce point crucial dans beaucoup de démarches d’accompagnement sur internet où nous voyons de plus en plus de solutions assurant d’atteindre tel ou tel résultat.

Je ne sais pas si c’est une vue de l’esprit ou une réalité mais mon constat me porte à voir combien la transmission d’information semble suffire pour beaucoup de personnes qui cherchent à se développer dans certains domaines, particulièrement sur le web.

Beaucoup suivent et s’entichent de ces nombreuses personnes qui déclament leur vision et leurs savoirs pour vous permettre de “réussir”. Celles-ci ont probablement suivi de superbes formations et sont peut-être même diplômées de bonnes écoles qui leur ont permis de comprendre les mécanismes du comportement et des difficultés que l’être humain rencontre dans son environnement. Cela semble laisser croire que dispenser un savoir dans des vidéos ou des articles suffit à endosser le rôle de coach. Dire à son client “quoi faire” relève davantage du conseil que du coaching. Je le redis, dispenser son savoir n’a rien à voir avec savoir-faire évoluer l’autre.

Oui, je sais ça peut paraître exagéré ou prétentieux et laisser penser qu’une pointe d’aigreur en moi gouverne l’écriture de ce billet loin d’être doux. J’ai pris le temps d’y réfléchir. Je ressens effectivement de l’agacement, peut-être même un soupçon d’envie… Allez, je ne suis pas à ça près, l’envie de la facilité qui vient me narguer, si tant est qu’elle mène quelque part. Mais je me défends avec sincérité de vouloir jeter l’opprobre sur ce type de propositions qui pullulent sur internet. Je le respecte et je respecte ces personnes de gagner de l’argent ainsi. Il n’y a rien à reprocher à qui fait ce qu’il peut pour se faire sa place dans ce monde. Mais ce n’est pas une raison pour me taire sous prétexte que « chacun fait ce qu’il veut ».

Être coach ce n’est pas expliquer des mécanismes dysfonctionnants ou limitants. Coacher, telle que les vieux dinosaures nous l’on enseigné, c’est permettre au client de résoudre et de dépasser ses problèmes avec ses propres moyens. Le coaching n’est pas du conseil.

J’ai bien conscience que nous ne sommes pas tous au même niveau, qu’il suffit pour certaines personnes de lire quelques livres ou comprendre ce qu’il se passe en elles pour trouver une voie de résolution. Mais dans la majorité des cas, les personnes n’y parviennent pas, pas ainsi et pas seules.

Beaucoup cherchent à résoudre des difficultés ou à mieux se connaître grâce aux formations, qu’il s’agisse de stages, de vidéos ou de livres. C’est ainsi que l’on voit depuis quelques années l’engouement pour les formations en coaching, en hypnose, etc. Dans la grande majorité, les nouveaux certifiés recherchent davantage à traiter leurs problèmes qu’à réellement envisager une transition professionnelle. Certes, pour certains procéder ainsi sera suffisant, mais pas pour la plus part. Ils auraient de bien meilleurs résultats à se faire accompagner par un coach qu’à se former pour le devenir ( je l’ai déjà exprimé dans des articles précédents).

Ainsi, nombreux sont ceux qui restent sur la touche avec leurs problèmes après une formation souvent couteuse, passionnante, motivante mais couteuse. Pourquoi ? Parce qu’apprendre un mécanisme ne suffit pas à le changer en soi. Voilà pourquoi je dis que savoir n’est pas savoir faire et savoir-être. Un coach qui vous forme, vous forme. Il ne vous coache pas. Si c’est un apprentissage que vous recherchez, c’est bien, sinon vous faites fausse route, et j’en vois beaucoup dans ce leurre.

Le métier de coach n’est pas de transmettre un savoir mais de savoir accompagner. Son talent n’est pas dans sa capacité à bien expliquer ce qu’il sait. De bonnes capsules vidéo ne remplacent pas un travail de coaching. L’intégration et la transformation profonde s’opère avec du temps et un travail centré sur soi. Un bon formateur ne fait pas toujours un bon accompagnant, comme un bon expert ne fait pas forcément un bon pédagogue. Je ne dis pas pour autant qu’un bon coach ne saurait pas transmettre. Je dis juste qu’un savoir ne garantit pas les effets d’un savoir-faire.

Je m’interroge sur la flambée des chaînes youtube où défilent des épisodes d’explications, aussi illustrées que possible, sur nos mécanismes comportementaux. Permettent-ils réellement aux personnes de se sentir mieux ? Possible… je ne serais pas catégoriquement dans la négative. Comprendre ce qu’est la procrastination, la confiance en soi, l’anxiété sociale, les injonctions paradoxales, le management bienveillant, la gestion de conflit, la perversion narcissique, etc., et connaître des petits trucs pour y remédier, permet-il vraiment de changer et d’opérer une transformation viable dans sa vie ?

Je sais que cela offre pourtant des prises de conscience qui sont les prémices à un changement. Les déclics peuvent naitre ainsi. Aussi il serait injuste de rejeter de ce type d’offre sur les réseaux sociaux. La littérature, les films ou les chansons sont aussi des déclencheurs de prise de conscience, nous sommes touchés au cœur et quelque chose se révèle. J’ai eu moi aussi un déclic impressionnant lorsque j’ai lu un livre de psychologie il y a des années. C’est indéniable, l’art, quel qu’il soit, éveille l’esprit. Mais j’ai longtemps continué avec mon problème de l’époque jusqu’à ce que je me décide à entamer un travail de fond.

Suis-je agacée de cette situation, fatiguée de l’expansion des blogs, des vlogs et du tuti quanti de bonnes leçons en matière de développement personnel tout autour de nous ?

Ma réponse : probablement.

Ai-je tort de catégoriser ainsi et de vouloir éclairer sur la pratique réelle du coaching dans ce qu’elle a de plus beau ?

Honnêtement, je n’ai pas la réponse. Je sais simplement que j’ai à cœur de faire ma part pour permettre à qui le cherche de pouvoir mieux évoluer et trouver sa voie.

Tout ce qui nous tombe sous la main, un livre, une vidéo, un stage en ligne ou en salle peut être une source d’apprentissage sur soi, un éclairage, un savoir et par là même une révélation qui nous ouvre la porte d’un monde en nous jusque là occulté peut-être mais je ne pense pas que cela remplace jamais la relation d’accompagnement. C’est dans la relation que se fait un tissage plus sûr pour tirer le fil de sa vie, nous délester du superflu de notre histoire et aller vers la grande transformation.

Internet est un macrocosme où d’une manière ou d’une autre chacun finira par évoluer lui-même. Je laisse à chacun le soin de sentir s’il veut cheminer en surface, de pierre en pierre ou s’il désire plonger dans la marre de ses constantes turpitudes.

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